La Préparation Mentale au Badminton : Les 5 Piliers de la Performance

La Préparation Mentale au Badminton : Les 5 Piliers de la Performance
📅 Publié le 6 décembre 2024 | ⏱️ Temps de lecture : 8 minutes | 🎯 Niveau : Tous niveaux
La préparation mentale est l’un des six facteurs de performance au badminton selon la Badminton World Federation (BWF). Au même titre que la technique, la tactique ou la condition physique, elle influence directement la capacité du joueur à performer en compétition. Découvrez les cinq piliers psychologiques qui font la différence entre un bon joueur et un champion.

Qu’est-ce que la Psychologie du Sport au Badminton ?

La Badminton World Federation définit la psychologie du sport comme :

« Les processus et comportements mentaux des individus et des groupes dans le sport. »
— BWF Coach Manual, Module 10

Cette dimension psychologique influence tous les autres aspects du jeu. Un joueur peut posséder une technique irréprochable et une condition physique exceptionnelle, mais sans la force mentale adéquate, il ne pourra pas exploiter pleinement son potentiel lors des moments cruciaux d’un match.

Le Mental Training : Définition et Origine

Le terme « mental training » trouve son origine dans la psychologie du sport et fait référence à une pratique spécifique :

« La visualisation ou pratique mentale répétée d’une action, sans effectuer physiquement l’action. »
— Sciences de la psychologie du sport

Ces connaissances et méthodes trouvent leur origine dans la thérapie comportementale et ont été adaptées aux exigences de la psychologie du sport. L’approche holistique moderne insiste sur le fait que l’entraînement mental doit engager non seulement l’esprit mais aussi le corps, les deux devant travailler en harmonie pour que leurs capacités puissent être focalisées et déployées vers le même objectif.

Les Trois Domaines de la Psychologie du Sport

Selon la BWF, la psychologie du sport se divise en trois domaines distincts :

Domaine Pratiquants Rôle de l’entraîneur
Psychologie clinique Psychologues qualifiés avec autorisation professionnelle ❌ Hors compétence – référer au spécialiste
Recherche en psychologie Chercheurs universitaires et scientifiques ⚠️ Collaboration possible mais pas de direction
Psychologie à l’entraînement Entraîneurs formés appliquant les principes de base ✅ Domaine d’action principal

⚠️ Point important

Les entraîneurs doivent rester dans leur domaine de compétence et ne pas s’impliquer dans la psychologie clinique sans formation appropriée. En cas de troubles émotionnels ou de personnalité chez un joueur, il est essentiel de référer vers un professionnel qualifié.

Les 5 Piliers de la Performance Mentale (Les 5 C)

La BWF a structuré l’approche psychologique autour de cinq domaines clés, interdépendants et essentiels à la performance optimale. Ces cinq piliers, souvent appelés « les 5 C », constituent le cadre de référence pour développer la force mentale d’un joueur de badminton.

🎯1. Le Contrôle

Le contrôle émotionnel est la capacité à gérer ses réactions face aux situations de stress et de pression en match. Un joueur qui perd son contrôle gaspille de l’énergie mentale et physique, compromettant sa performance.

Technique de respiration profonde

La BWF recommande une technique de respiration particulièrement efficace entre les points :

Protocole de respiration anti-stress

  1. Se tenir debout, bras le long du corps
  2. Focaliser son attention sur le centre du corps
  3. Respirer profondément à partir du ventre (respiration diaphragmatique)
  4. Expirer en relâchant consciemment toute tension : tête, visage, cou, épaules, poitrine
  5. Recommencer le processus
  6. Penser à un mot clé évoquant l’état désiré (« calme », « détente », « focus »)

Points clés d’application :

  • Apprentissage progressif : Pratiquer d’abord à l’entraînement avant d’utiliser en match
  • Adaptation au contexte : Entre les échanges, une seule respiration profonde peut suffire par manque de temps
  • Effet secondaire bénéfique : Cette technique aide à vider l’esprit des pensées parasites, car il est difficile de penser à autre chose pendant sa mise en œuvre

Source : BWF Coach Manual, Module 10 – Section Contrôle

L’Autogenic Training : La Méthode Schultz

Pour aller plus loin dans le contrôle émotionnel et la relaxation, certains joueurs de haut niveau utilisent l’Autogenic Training, une méthode de relaxation par autosuggestion développée par le psychiatre allemand Johannes Heinrich Schultz en 1932.

Cette technique repose sur une relaxation basée sur l’autosuggestion, permettant une détente complète du corps et de l’esprit. L’idée centrale est qu’un corps calme facilite la concentration mentale et la performance sous pression.

Les 7 Exercices de l’Autogenic Training

Les exercices consistent en de courtes formules de visualisation que le joueur doit se répéter mentalement, généralement plusieurs fois. Cette pratique régulière permet au corps d’intégrer ces états de relaxation.

  1. Exercice du calme : « Je suis complètement calme et rien ne peut me déranger »
  2. Exercice de lourdeur : « Mes bras et mes jambes sont lourds » (sensation de relâchement musculaire)
  3. Exercice de chaleur : « Mes bras et mes jambes sont chauds » (amélioration de la circulation sanguine)
  4. Exercice de respiration : « Ma respiration coule calmement et régulièrement » (respiration naturelle et fluide)
  5. Exercice du cœur ⚠️ : « Mon cœur bat calmement et régulièrement » — JAMAIS dire « lentement » car cela pourrait provoquer une arythmie cardiaque dans des cas extrêmes
  6. Exercice du plexus solaire : « Mon abdomen rayonne de chaleur » (détente du centre du corps)
  7. Exercice de la tête : « Ma tête est claire, mon cerveau est frais » (maintien de la vigilance et amélioration de la concentration)

Phase de récupération (essentielle) :

Pour sortir de l’état de transe légère, dire avec emphase : « Bras fermes ! Respiration profonde ! Yeux ouverts ! » Puis étirer les bras. Cette phase de récupération est vitale pour retrouver un état d’alerte normal.

Application au badminton :

  • Avant la compétition : 10-15 minutes d’Autogenic Training pour atteindre un état de calme optimal
  • Entre les matchs : Exercices raccourcis (exercices 1, 4 et 7) pour récupérer mentalement
  • Apprentissage requis : Cette technique nécessite un entraînement régulier pour être efficace, idéalement sous supervision d’un professionnel au début

💡 Autogenic Training vs Respiration BWF

Respiration profonde (BWF) : Rapide, applicable entre les points, facile à apprendre — idéale pour tous les niveaux

Autogenic Training : Plus complexe, nécessite un apprentissage, utilisé avant/après les matchs — réservé aux joueurs motivés et encadrés

💪2. La Confiance

La confiance en soi est la croyance en ses capacités à réussir. Elle s’appuie sur plusieurs éléments : la maîtrise technique, l’expérience accumulée, et la validation par les résultats passés. Un joueur confiant ose prendre des risques calculés et maintient son niveau de jeu sous pression.

Construction de la confiance

La confiance se développe de manière progressive et s’entretient par :

  • La maîtrise technique : Plus un geste est automatisé, plus le joueur se sent confiant pour l’exécuter en match
  • La préparation mentale : Visualiser ses succès et anticiper positivement les situations de match
  • L’analyse constructive : Tirer des leçons des défaites sans se dévaloriser
  • La fixation d’objectifs réalistes : Célébrer les petites victoires pour maintenir une dynamique positive

💡 Conseil d’entraîneur

Encouragez vos joueurs à tenir un journal de leurs réussites techniques et tactiques. Relire ces succès avant un match important renforce la confiance en ses capacités.

🔍3. La Concentration

La concentration est la capacité à maintenir son attention sur les éléments pertinents du jeu, en éliminant les distractions internes (pensées parasites, doutes) et externes (bruit du public, enjeu du match).

L’imagerie mentale pour améliorer la concentration

La BWF recommande l’utilisation de l’imagerie mentale pour aider les joueurs à se concentrer sur des aspects spécifiques bénéfiques au jeu.

Exemple pratique : Réduction des fautes de ligne

Problématique : Un joueur commet de nombreuses fautes en envoyant le volant hors des lignes de côté en simple.

Solution par imagerie mentale :

  1. L’entraîneur demande au joueur de visualiser mentalement un court avec un couloir imaginaire à l’intérieur des lignes de simple
  2. Le joueur s’efforce de « voir » ce court modifié dans son esprit
  3. Pendant les matchs, il utilise cette image mentale du court rétréci pour ajuster sa précision
  4. L’entraîneur observe l’évolution du nombre de fautes sur plusieurs matchs pour évaluer l’efficacité de la technique

Source : BWF Coach Manual, Module 10 – Section Concentration

Autres applications de l’imagerie mentale :

  • Visualiser l’exécution parfaite d’un coup technique avant de le jouer
  • Imaginer une « bulle de concentration » qui isole le joueur des distractions
  • Mentaliser des scénarios tactiques pour mieux anticiper en match

Cas pratique : Peter Gade et le Mental Training

L’importance du mental training pour la concentration est illustrée par le cas du champion danois Peter Gade, considéré parmi les favoris des grands tournois européens mais ayant longtemps souffert de problèmes mentaux en compétition.

Le problème de Peter Gade

Peter Gade était considéré à plusieurs reprises comme le favori de grandes compétitions, mais ses nerfs le trahissaient systématiquement. Selon les psychologues du sport qui l’ont accompagné :

  • Symptôme principal : Il « bottled out » (craquait sous pression) et ne parvenait pas à jouer à son meilleur niveau lors des moments cruciaux
  • Pattern mental négatif : Il voulait mentalement « annuler » les coups de ses adversaires et annonçait même les fautes avant qu’elles n’atterrissent sur le terrain, ce qui le déconcentrait de son propre jeu
  • Conséquence : Cette anticipation négative permettait à l’adversaire de marquer quelques points supplémentaires

Solution appliquée :

Peter Gade a travaillé avec des psychologues pour changer ce pattern d’expérience négative en utilisant des techniques de mental training. L’objectif était de provoquer une amélioration de l’action réelle en travaillant sur la visualisation consciente et intensive.

Principe clé : L’amélioration de l’action dans la conscience (par visualisation intensive) devrait entraîner une amélioration de l’action lorsqu’elle est réellement effectuée. L’effet réalisé dépend de la vivacité de la visualisation — à quel point elle est réaliste et sensible aux processus internes impliqués.

Source : Sports Psychology – Elite Level Badminton

Routines de Préparation Mentale Pré-Match

La préparation mentale avant un match est différente pour chaque joueur. Les psychologues du sport observent des approches très variées chez les joueurs d’élite :

Type de préparation Caractéristiques Objectif
Activation mentale Courir à travers des mouvements dans la tête, puis les répéter en « shadow badminton » Visualiser les actions puis les activer physiquement
Relaxation maximale Penser le moins possible, se détendre autant que possible, rester calme Économiser l’énergie mentale pour le match
Focalisation progressive D’abord les bases physiques (attente calme, atterrissage rapide, prise relâchée), puis la tactique Construire la concentration du simple au complexe

🎯 Recommandation d’Expert

Selon l’analyse de nombreux joueurs de haut niveau, il est crucial avant de se concentrer sur la tactique, de porter attention aux bases physiques et mentales :

  • Attendre calmement les frappes
  • Atterrir rapidement dans les coins
  • Tenir la raquette avec une prise relâchée jusqu’à juste avant de jouer un coup

Seulement lorsque ces bases sont en place, le joueur peut atteindre le volant rapidement et tôt, et mettre ses tactiques en pratique efficacement.

Principe fondamental : Il est essentiel que l’entraînement n’engage pas seulement l’esprit mais aussi le corps. L’entraînement mental et l’entraînement réel doivent alterner constamment, permettant au joueur de comparer l’action visualisée avec l’action effectuée.

🔥4. L’Engagement

L’engagement représente le niveau de motivation et d’implication du joueur dans sa pratique. Il existe deux types de motivation fondamentaux :

Motivation intrinsèque vs extrinsèque

Type Caractéristiques Impact sur la performance
Motivation intrinsèque Plaisir de jouer, progression personnelle, maîtrise du jeu ✅ Durable, stable, résistante à la pression
Motivation extrinsèque Récompenses, reconnaissance, résultats externes ⚠️ Fluctuante, dépendante des résultats

Favoriser la motivation intrinsèque

La BWF recommande aux entraîneurs de promouvoir la motivation intrinsèque en encourageant les joueurs à se fixer des objectifs centrés sur le processus plutôt que uniquement sur les résultats :

  • Objectifs de processus (contrôlables) : « Améliorer mon replacement après chaque coup », « Varier mes services », « Maintenir ma concentration sur tout le match »
  • Objectifs de résultat (peu contrôlables) : « Gagner le tournoi », « Battre tel adversaire », « Finir dans le top 3 »

🎯 Stratégie d’entraîneur

Mettez l’accent sur les processus d’amélioration pour diminuer la pression liée aux résultats. Un joueur focalisé sur sa progression technique et tactique développe une motivation plus solide et durable.

Source : BWF Coach Manual, Module 10 – Section Engagement

🤝5. La Cohésion

La cohésion concerne la capacité à créer un environnement d’entraînement efficace où un groupe de personnes travaille ensemble harmonieusement. Elle est essentielle en double et pour la dynamique d’équipe en club.

Techniques pour développer la cohésion

La BWF propose plusieurs approches concrètes :

  • Création de codes de conduite collectifs : Impliquer tout le groupe dans l’élaboration des règles d’entraînement favorise l’adhésion et le respect mutuel
  • Implication des parents : Intégrer les parents dans le processus de définition des valeurs et objectifs du club crée une cohérence éducative
  • Rotation des partenaires : Changer régulièrement les binômes et groupes lors des exercices pratiques développe l’adaptabilité et renforce les liens au sein de l’équipe
  • Projets collectifs : Organiser des stages, des déplacements en tournoi ou des défis d’équipe soude le groupe

Source : BWF Coach Manual, Module 10 – Section Cohésion

Comment Intégrer la Préparation Mentale à l’Entraînement ?

La BWF insiste sur l’importance d’intégrer la psychologie du sport à la pratique habituelle de l’entraînement plutôt que de la traiter comme une discipline isolée. Voici les principes directeurs recommandés :

Techniques Complémentaires de Mental Training

Au-delà des 5 piliers fondamentaux, plusieurs techniques complémentaires sont utilisées par les joueurs de haut niveau pour renforcer leur préparation mentale :

  • Méditation : Pratique régulière pour développer la capacité à rester dans le moment présent et à ne pas se laisser distraire par les pensées parasites
  • Yoga : Permet d’atteindre la relaxation tout en travaillant la connexion corps-esprit, particulièrement utile pour la récupération et la gestion du stress
  • Introduction à la pensée positive (Positive Thinking) : Renforcer les expériences positives en se souvenant consciemment de ses réussites passées — un joueur qui se rappelle de ses victoires développe une confiance plus solide
  • Guide de visualisation : Protocoles structurés pour visualiser le succès dans des situations spécifiques de match

💡 Focus sur la Pensée Positive

La pensée positive est particulièrement efficace lorsqu’elle est renforcée par des souvenirs de réussites. Par exemple, un joueur qui visualise mentalement sa célébration après une victoire importante renforce neurologiquement les circuits associés au succès. Cette technique est bien illustrée par l’image des joueurs de double mixte danois Peter Rasmussen célébrant leur victoire au Championnat du Monde — se remémorer ces moments de gloire avant un match difficile peut considérablement améliorer la confiance.

Principes d’application pour les entraîneurs

Recommandations de la BWF

  • Commencer simple : Utiliser des approches psychologiques directes et en accord avec sa philosophie d’entraînement (ex : fixation d’objectifs, routines pré-match)
  • Intégration naturelle : Associer autant que possible la psychologie du sport à la pratique habituelle plutôt que de créer des sessions séparées
  • Respecter ses limites : Éviter d’aborder les techniques de psychologie clinique qui nécessitent une formation spécialisée
  • Observer et questionner : Toujours commencer par demander au joueur « comment ça va ? » pour identifier d’éventuelles difficultés mentales avant de choisir l’approche adaptée

Progression selon les étapes de développement

La BWF structure l’intégration de la psychologie selon les phases de développement du joueur :

Phase Âge approximatif Focus psychologique
Apprendre à jouer 6-12 ans Introduction aux règles, éthique du jeu, attitude positive envers soi et les autres
Entraînement pour s’entraîner 9-16 ans Préparation mentale implicite, développement de l’endurance mentale, contrôle et concentration
Entraînement pour la compétition 12-18 ans Soutien explicite pour les 5 C, exposition progressive à un entraînement psychologique avec spécialistes
Entraînement pour gagner 16+ ans Programme psychologique individualisé, intervention possible d’experts en psychologie du sport

Source : BWF Coach Manual, Module 5 – Tableau de progression

L’Interaction entre Mental et Autres Facteurs de Performance

La psychologie du sport ne fonctionne pas de manière isolée. Elle interagit constamment avec les quatre autres facteurs de performance identifiés par la BWF :

  • Psychologie × Technique : La confiance influence la capacité à exécuter des coups sous pression ; la maîtrise technique renforce la confiance
  • Psychologie × Tactique : S’adapter aux frappes de l’adversaire nécessite concentration et calme en situation de pression
  • Psychologie × Physique : L’endurance mentale permet de maintenir l’effort physique ; la fatigue physique affecte la concentration
  • Psychologie × Mode de vie : La gestion du stress influence le sommeil et l’alimentation ; un mode de vie équilibré favorise la stabilité émotionnelle
« S’adapter aux frappes de l’adversaire (tactique) nécessite de la concentration et du calme en situation de pression (psychologie). »
— BWF Coach Manual, Module 5

Questions Fréquentes sur le Mental au Badminton

❓ À quel âge faut-il commencer la préparation mentale au badminton ?
La préparation mentale débute dès les premières séances avec les jeunes joueurs (6-8 ans), mais de manière implicite : apprentissage des règles, respect des adversaires, attitude positive. L’approche devient plus explicite et structurée à partir de 12-16 ans, lorsque les joueurs entrent en compétition régulière.
❓ Combien de temps faut-il pour voir les effets de la préparation mentale ?
Les techniques simples comme la respiration profonde peuvent avoir un effet immédiat sur la gestion du stress. En revanche, développer une confiance solide ou améliorer sa concentration nécessite plusieurs semaines à plusieurs mois de pratique régulière. La clé est la constance : pratiquer d’abord à l’entraînement avant d’utiliser en compétition.
❓ Un entraîneur peut-il remplacer un psychologue du sport ?
Non. La BWF est très claire sur ce point : les entraîneurs travaillent dans le domaine de « la psychologie du sport à l’entraînement », qui se limite à l’application de principes de base. En cas de troubles émotionnels, de problèmes de personnalité ou de situations complexes, il est impératif de référer le joueur vers un psychologue clinicien qualifié.
❓ Quelle est la différence entre motivation intrinsèque et extrinsèque ?
La motivation intrinsèque vient de l’intérieur : plaisir de jouer, satisfaction de progresser, maîtrise du geste. Elle est durable et stable. La motivation extrinsèque dépend de facteurs externes : médailles, reconnaissance, pression des parents. Elle est plus fluctuante. Un joueur avec une forte motivation intrinsèque résiste mieux à la pression et aux échecs.
❓ Comment gérer le stress avant un match important ?
Utilisez la technique de respiration profonde de la BWF dès l’échauffement. Concentrez-vous sur des objectifs de processus (« je vais bien replacer », « je vais varier mes services ») plutôt que sur le résultat. Utilisez l’imagerie mentale pour visualiser vos réussites techniques. Enfin, établissez une routine pré-match qui vous rassure et vous met en confiance.
❓ Les 5 piliers mentaux sont-ils tous aussi importants ?
Oui, les 5 C (Contrôle, Confiance, Concentration, Engagement, Cohésion) sont interdépendants. Par exemple, un bon contrôle émotionnel renforce la confiance, qui elle-même améliore la concentration. Négliger un pilier affaiblit l’ensemble de la structure mentale. Cependant, selon la situation (simple vs double, compétition vs entraînement), certains piliers peuvent être temporairement plus sollicités.
❓ Qu’est-ce que l’Autogenic Training et est-il adapté à tous les joueurs ?
L’Autogenic Training est une méthode de relaxation par autosuggestion développée par le psychiatre allemand Johannes Heinrich Schultz en 1932. Elle consiste en 7 exercices progressifs utilisant des formules verbales pour induire un état de relaxation profonde. Cette technique est particulièrement efficace pour gérer le stress pré-compétition, mais elle nécessite un apprentissage rigoureux, idéalement sous supervision d’un professionnel. Elle est recommandée pour les joueurs motivés et déjà familiers avec les techniques de base comme la respiration profonde.
❓ Le cas Peter Gade montre-t-il que même les champions ont des problèmes mentaux ?
Absolument. Peter Gade, considéré parmi les meilleurs joueurs européens, a longtemps souffert de problèmes de concentration en compétition — il « craquait sous pression » et voulait mentalement « annuler » les coups adverses avant qu’ils n’atterrissent. Ce pattern mental négatif l’empêchait de jouer à son meilleur niveau lors des moments cruciaux. En travaillant avec des psychologues du sport pour changer ces schémas par le mental training, il a pu améliorer significativement sa performance. Cela démontre que le travail mental est essentiel à tous les niveaux, même pour l’élite.
❓ Dois-je pratiquer la méditation ou le yoga pour devenir meilleur au badminton ?
Ni la méditation ni le yoga ne sont obligatoires, mais ce sont des outils complémentaires très efficaces. La méditation développe la capacité à rester dans le moment présent et à gérer les pensées parasites. Le yoga améliore la connexion corps-esprit et facilite la relaxation. Ces pratiques renforcent les 5 piliers mentaux (particulièrement le Contrôle et la Concentration) de manière indirecte. Si vous débutez en préparation mentale, commencez par les techniques de base (respiration, visualisation) avant d’explorer ces approches plus avancées.

Conclusion : Un Travail de Fond Essentiel

La préparation mentale au badminton n’est pas un luxe réservé aux joueurs de haut niveau, mais une composante essentielle de la performance à tous les niveaux. Les cinq piliers identifiés par la BWF — Contrôle, Confiance, Concentration, Engagement et Cohésion — forment un cadre structuré et accessible pour développer la force mentale.

L’approche recommandée par la Badminton World Federation se distingue par son pragmatisme : intégrer la psychologie du sport naturellement dans la pratique quotidienne de l’entraînement, sans en faire une discipline hermétique ou intimidante. Des techniques simples comme la respiration profonde ou l’imagerie mentale peuvent avoir un impact immédiat sur la gestion du stress et la concentration.

🎯 Points clés à retenir

  • La psychologie du sport influence tous les autres facteurs de performance (technique, tactique, physique, mode de vie)
  • Les 5 C sont interdépendants et doivent être travaillés de manière équilibrée
  • Les techniques psychologiques doivent d’abord être pratiquées à l’entraînement avant d’être utilisées en compétition
  • Les entraîneurs doivent rester dans leur domaine de compétence et référer vers des spécialistes si nécessaire
  • Favoriser la motivation intrinsèque en fixant des objectifs centrés sur le processus plutôt que sur les résultats

Comme le rappelle la BWF, « tous les entraîneurs font usage de la psychologie du sport à des degrés différents dans leur pratique de l’entraînement ». L’essentiel est de commencer, d’expérimenter et d’ajuster progressivement son approche en fonction des besoins spécifiques de chaque joueur.

Sources et Références

Cet article s’appuie sur les documents officiels de formation et ouvrages spécialisés suivants :

Sources principales

  • Badminton World Federation (BWF) – Coach Manual Level 1, Module 10 : La Psychologie du Sport (Première édition : 2013)
  • BWF Coach Manual – Module 5 : Les Facteurs de Performance et la Progression du Joueur
  • Elite Level Badminton – Sports Psychology – Chapitre 16.5 : Mental Training, incluant études de cas (Peter Gade) et techniques avancées

Techniques et méthodes citées

  • Autogenic Training – Méthode développée par Johannes Heinrich Schultz, psychiatre allemand (Berlin), publiée dans le livre « Autogenic Training » en 1932
  • Thérapie comportementale – Origine des méthodes de mental training appliquées à la psychologie du sport
  • Cas pratiques : Peter Gade (Champion danois), analyse des patterns mentaux négatifs et solutions appliquées

Pour approfondir

Pour approfondir vos connaissances sur la préparation mentale au badminton, consultez également :

  • Les formations officielles BWF pour entraîneurs (Niveau 1 et 2)
  • Les ressources en ligne sur bwfbadminton.com
  • Les ouvrages spécialisés en psychologie du sport appliquée au badminton
  • Consultation avec des psychologues du sport certifiés pour les cas complexes

⚠️ Rappel important

Les techniques avancées comme l’Autogenic Training doivent idéalement être apprises sous la supervision d’un professionnel qualifié, particulièrement lors des premières séances. Les entraîneurs doivent rester dans leur domaine de compétence et référer vers des psychologues du sport certifiés lorsque nécessaire.